Il fait partie de notre environnement quotidien, tant et si bien que nous n’y prêtons même plus attention, à moins bien évidemment qu’il en vienne à nous déranger, l’éclairage public fait couler beaucoup d’encre tant auprès des collectivités locales que des citoyens ou des protecteurs de l’environnement. Et pour cause, aux enjeux de sécurité et de confort s’opposent régulièrement les enjeux écologiques et économiques. Un véritable casse-tête pour lequel il existe pourtant des solutions à la fois dans le recours à des technologies nouvelles, mais aussi via de nouveaux usages. On vous en dit plus.
La ville éclairée, gage de sécurité & de confort ?
De nombreux conducteurs ou riverains ont déjà fait part de leur sentiment d’insécurité lorsqu’il circule de nuit dans une zone urbaine ou sur un trottoir non éclairé. Ainsi, un sondage réalisé auprès des usagers de la route au début des années 2000 montrait que 94% des personnes interrogées estimaient que l’éclairage public était un facteur de sécurité. De même, alors que la consommation énergétique est un fait connu de tous, de nombreux Français refusent encore de renoncer à l’éclairage public, 90% d’entre eux ressentant un sentiment d’insécurité et cas d’extinction des lumières. Plus encore, on constate que l’éclairage de l’espace public constitue un réel atout d’attractivité et de dynamisme des territoires concernés. En clair, les Français aiment la lumière !
On peut pourtant s’interroger sur ces 2 éléments. En effet, des tests réalisés dans des communes réalisant une extinction des lumières aux heures profondes de la nuit affirmaient que l’attention et la vigilance des conducteurs étaient alors renforcées. Quant au confort et à la sécurité, si l’on peut comprendre que des zones sensibles aient besoin de rester illuminées, on peut néanmoins s’interroger sur la nécessité de conserver un éclairage total sur les trottoirs entre 1h et 5h du matin…
Un impact réel sur l’environnement et les cycles naturels
Nous avons tous déjà entendu parler de la pollution lumineuse. Il suffit pour en faire le constat de s’éloigner des zones urbaines pour constater que les villes sont couvertes d’un véritable dôme lumineux. Or, si les villes accueillent bien évidemment des populations humaines fortes, elles sont également les lieux de vie de très nombreux animaux (insectes, oiseaux, mammifères…). Or les éclairages urbains, dans les grandes villes comme dans les villages, sont responsables d’un véritable choc pour l’écosystème. Ainsi et par exemple, des oiseaux nocturnes comme la chouette hulotte ne peuvent plus chasser, d’autant plus qu’elles font face à une baisse du nombre de leurs proies. Autre exemple flagrant, une étude allemande à montré dernièrement que chaque réverbère tuait quelque 150 insectes chaque nuit d’été. L’impact est également réel sur la flore avec le constat de bourgeonnements précoces par exemple.
On voit donc que, à différentes échelles de notre écosystème, la vie animale est particulièrement perturbée par l’éclairage public. Mais ils ne sont pas les seuls. Les humains sont également directement impactés, en particulier sur la qualité de leur sommeil, car si les bruits de la ville peuvent évidemment être dérangeant, la lumière joue également. La raison est finalement assez simple puisque notre horloge biologique se base avant tout sur la lumière. Or les éclairages publics perturbent le cycle naturel du soleil en nous exposant à la lumière à toute heure du jour et de la nuit.
Écologie et économie de l’éclairage de l’espace public
De nombreuses personnes sont depuis longtemps sensibles aux données économiques relatives à l’éclairage public, ne serait-ce qu’en raison de l’impact que cela peut avoir sur leurs impôts locaux. Et pour cause, il s’agit là d’un pôle de dépense important, ne serait-ce que par la consommation énergétique, l’entretien ou le remplacement des équipements. La dimension écologique se fait année après année toujours plus forte dans la gestion de l’éclairage de l’espace public, tant en ce quoi concerne le bilan carbone que de l’impact sur les écosystèmes animaux et végétaux.
Du côté des équipements, il faut savoir par exemple que le parc d’éclairage public français est particulièrement vétuste, avec un âge moyen de 20 ans. Ainsi, et en dehors des éventuels problèmes de fonctionnement que cela peut causer, on sait très bien que les vieux équipements sont aussi particulièrement énergivores, basant leur fonctionnement sur des technologies aujourd’hui délaissées eu fait de leur manque de performance et de leur consommation énergétique.
Différentes solutions sont adoptées par les acteurs locaux pour limiter les problématiques évoquées plus haut. Afin de limiter la pollution lumineuse et son impact sur l’écosystème, les éclairages se font aujourd’hui moins diffus, plus ciblés, avec des faisceaux dirigés vers le sol uniquement. Des plus en plus souvent, les parkings et zones commerciales ne sont éclairés que durant les heures d’ouverture. Le recours à la technologie LED à faible puissance se fait également plus fort avec de réelles économies d’énergie et une réduction du bilan carbone à l’utilisation. Plusieurs milliers de communes ont également adopté le principe de limitation, voire d’extinction des éclairages durant la nuit.
La complexité en la matière est donc d’offrir une réponse cohérente et efficace aux différentes problématiques de sécurité, de confort, d’écologie et d’économie. Ainsi tout est souvent une affaire de compromis. Mais peut-on encore faire des compromis en matière d’environnement ?